On lit dans la tablette assyrienne de la légende d’Adapa[1] : « De la terre ont disparu deux dieux ; c’est pourquoi je porte le vêtement de deuil. Quels sont ces deux dieux ? Ce sont Du-mu-zu et Gish-zi-da ». La mort de Du-mu-zu est un sacrifice mythique. La preuve en est donnée par ce fait qu’Ishtar, sa mère et son épouse, veut le ressusciter[2] en versant sur son cadavre de l’eau de la source de vie qu’elle va chercher aux enfers ; car elle imite en cela les rites de certaines fêtes agraires. Quand l’esprit du champ est mort ou a été mis à mort, on jette son cadavre à l’eau ou on l’asperge d’eau. Alors, soit qu’il ressuscite, soit qu’un arbre de mai se dresse sur sa tombe, la vie renaît. Ici, c’est l’eau versée sur le cadavre et la résurrection qui nous déterminent à assimiler le dieu mort à une victime agraire ; dans le mythe d’Osiris, c’est la dispersion du cadavre et l’arbre qui pousse sur le cercueil[3]. À Trézène, dans le péribole du temple d’Hippolyte, on commémorait par une fête annuelle les λιθόβολια, la mort des déesses Damia et Auxesia, vierges étrangères, venues de Crète, qui avaient été, suivant la tradition, lapidées dans une sédition[4]. Les déesses étrangères sont l’étranger, le passant qui joue souvent un rôle dans les fêtes de la moisson ; la lapidation est un rite de sacrifice. Parfois, une simple blessure du dieu équivaut à sa mort annuelle. Belen, dit une légende, endormi dans le Blumenthal, au pied du ballon de Guebwiller, fut blessé au pied par un sanglier, comme Adonis ; de chaque goutte du sang naquit une fleur[5], symbole de la nature vivifiée.
La mort du dieu est souvent un suicide. Hercule sur
- ↑ Harper, Die Babylonischen Legenden von Elana, Zu, Adapa (Delitzsch, Beitr. z. Assyr., II, 2, l. 22). — Cf. Stucken, Astralmythen, II, Lot, p. 89.
- ↑ Jeremias, Die Höllenfahrt der Ishtar, cf. La purification du cadavre dans le rituel védique, p. 59, n. 2).
- ↑ Plut., De Iside et Osiride, § 13 sqq. — Gold. B., I, p. 301 sqq. — Firmicus Maternus, De Err. profun. Relig., 27, ensevelissement d’Osiris dans les mystères Isiaques.
- ↑ Paus., II, 32, 2.
- ↑ Fournier, Vieilles coutumes des Vosges, p. 70.