sorte de dédoublement mythologique de l’être divin et de la victime[1]. Grâce à ce dédoublement, le dieu paraît échapper à la mort.
C’est à une différenciation d’une autre sorte que sont dus les mythes dont l’épisode central est le combat d’un dieu avec un monstre ou un autre dieu. Tels sont, dans la mythologie babylonienne, les combats de Marduk avec Tiamat, c’est-à-dire le Chaos[2] ; de Persée tuant la Gorgone ou le dragon de Joppe, de Bellérophon luttant contre la Chimère, de Saint-Georges vainqueur du Dadjdjal[3]. C’est aussi le cas des travaux d’Hercule et enfin de toutes les théomachies ; car, dans ces combats, le vaincu est aussi divin que le vainqueur.
Cet épisode est l’une des formes mythologiques du sacrifice du dieu. Ces combats divins, en effet, équivalent à la mort d’un seul dieu. Ils alternent dans les mêmes fêtes[4]. Les jeux Isthmiques, célébrés au printemps, commémorent ou la mort de Mélicerte ou la victoire de Thésée sur Sinis, les jeux Néméens célèbrent ou la mort d’Archemoros ou la victoire d’Hercule sur le lion de Némée. — Ils sont accompagnés quelquefois des mêmes incidents. La défaite du monstre est suivie du mariage du dieu, de Persée avec Andromède, d’Hercule avec Hésione ; la fiancée exposée au monstre et délivrée par le héros n’est autre, d’ailleurs, que la Maibraut des légendes allemandes poursuivie par les esprits de la chasse sauvage. Or, dans le culte d’Attis, le mariage sacré suit la mort et la résurrection du dieu. — Ils se produisent dans des circonstances analogues et ont
- ↑ Et pourtant il y a des cas où les trois personnages divins sont tués tour à tour, ainsi dans le mythe de Busiris et de Lityersès (voy. Mannhardt, Mythol. Forsch., p. 1, sqq.) ; l’étranger est tué par Busiris et Lityersès, ceux-ci sont tués par Hercule, et Hercule se suicidera plus tard.
- ↑ Halévy, Recherches bibliques, p. 29 sqq. — Jensen, Kosmologie, p. 263-364. — Gunkel, Schöpfung und Chaos. — Delitzsch, Das Babylon. Weltschöpfungsepos, 1896.
- ↑ Clermont-Ganneau, Horus et Saint-Georges, Rev. Archéol., 1876, II, p. 196, 372 ; 1877, I, p. 33 ; Bibl. Éc. Hautes Ét., t. XLIV, p. 78, 82.
- ↑ Stengel, op. cit., p. 101 sqq.