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Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/163

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le même objet. La victoire d’un jeune dieu contre un monstre antique est un rite du printemps. La fête de Marduk, au premier jour du Nisan, répétait sa victoire contre Tiamat[1]. La fête de saint Georges, c’est-à-dire la défaite du dragon, était célébrée le 23 avril[2]. Or, c’était au printemps que mourait Attis. — Enfin, s’il est vrai, comme le rapporte Bérose, qu’une version de la Génèse assyrienne montrait Bel se coupant lui-même en deux pour donner naissance au monde, les deux épisodes apparaissent concurremment dans la légende du même dieu ; le suicide de Bel remplace son duel avec le Chaos[3].

Pour compléter la preuve de l’équivalence de ces thèmes, disons qu’il arrive souvent que le dieu meure après sa victoire. Dans Grimm (Maerchen, 60), le héros, s’étant endormi après sa lutte avec le dragon, est assassiné ; les animaux qui l’accompagnent le rappellent à la vie[4]. La légende d’Hercule présente la même aventure : après avoir tué Typhon, asphyxié par le souffle du monstre, il gisait inanimé ; il ne fut ressuscité que par Iolaos avec l’aide d’une caille[5]. Dans la légende d’Hésione, Hercule était avalé par un cétacé. Castor, après avoir tué Lyncée, était tué lui-même par Idas[6].

Ces équivalences et ces alternances s’expliquent facilement si l’on considère que les adversaires mis en présence par le thème du combat sont le produit du dédoublement d’un même génie. L’origine des mythes de cette forme a été

  1. Fête de ZAG-MU-KU (rish-shatti, commencement de l’année), voir Hagen, in Beitr. z. Assyr., II, p. 238. — W. A. I., IV, 23, 39 sqq. — Cf. Parmentier, Rev. de philol., 1897, p. 142 sqq.
  2. Clermont-Ganneau, Rev. Archéol., 1876, XXXII, p. 387.
  3. Eusèbe, Chron., éd. Schone, I, p. 14, 18.
  4. Cf. Sidney Hartland, The Legend of Perseus, III pour le mythe du héros endormi et les équivalents. — De même Indra tombe épuisé après sa lutte contre le démon Vṛtra, ou bien s’enfuit, etc. La même légende est racontée de Viṣṇu, etc.
  5. Eudoxos, dans Athénée, IX, 392 E. — Eustathe, Il., 1702, 50.
  6. Hygin, fab. 80.