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le sacrifice des restes de totémisme, les travaux récents n’en ont point montré. Les sacrifices y paraissent presque uniformément répéter le thème du dépeçage et de la résurrection d’Osiris. Les victimes, taureaux, porcs, gazelles, etc., sont données comme des animaux typhoniens, ennemis d’Osiris et représentants du dieu Set. Ce ne sont pourtant point des totems, formes premières de ce dieu ; ce ne sont pas non plus des totems correspondants à Osiris. On dit qu’ils sont mis à mort en punition d’avoir mangé le dieu, parce que une fois sacrifiés, ils exhalent le dieu, ce qui revient à dire que leur esprit, attribué au dieu est identique à lui ; de quelque façon que la mythologie représente ce qui se passe alors, ils portent le dieu et ils sont divins parce que le sacrifice, en Égypte, est essentiellement un sacrifice du dieu. Mais c’est un sacrifice du dieu qui n’a rien de totémique et dont nous savons avec certitude qu’il a son origine dans le culte du blé.

Pour montrer que le schème général du sacrifice contient en puissance le sacrifice du dieu, nous avons choisi nos exemples dans la série des sacrifices agraires. Nous nous sommes défendus de dire que seul le sacrifice agraire fût de nature à donner naissance au sacrifice du dieu ; il eût pourtant mieux valu établir notre démonstration sur des bases plus larges et ne pas paraître la fonder en apparence exclusivement sur les faits du culte des animaux domestiques et des plantes comestibles. Nous aurions dû parler en même temps des cultes qui concernent la végétation en général et tout l’ensemble de la nature. Ainsi le sacrifice du soma, que nous avons considéré comme un sacrifice agraire et qui est un parfait sacrifice du dieu, n’est pas le sacrifice d’un végétal cultivé, mais celui d’une plante choisie entre toutes, qui symbolise toutes les plantes. Nous n’avons pas pu alors l’exposer complète-

    lier en Égypte, d’après les papyrus de Berlin et les textes du temple de Séti Ier à Abydos. Paris, Leroux, 1902.