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II

Considérant tour à tour les éléments différenciés de la représentation du temps, dates critiques et intervalles, nous allons établir un certain nombre de propositions, relatives à leurs propriétés intrinsèques ou à leurs rapports réciproques, qui nous serviront à caractériser l’ensemble de la notion. Nous ne donnerons pas ces propositions comme absolues, et ce serait peine perdue que de chercher des exceptions qui les infirment. Nous ne prétendons pas que la notion de temps, en religion et en magie, diffère toujours de la notion commune ; il nous suffit qu’elle en diffère fréquemment et que les différences en question soient régulières. Leur examen montrera que, pour la magie et la religion : les parties successives du temps ne sont pas homogènes, que les parties qui nous paraissent égales en grandeur ne sont pas nécessairement égales, ni même équivalentes ; sont homogènes et équivalentes les parties considérées comme semblables en raison de leur place dans le calendrier. D’où il suit que la notion du temps n’est pas ici celle d’une quantité pure, mais qu’elle est plus complexe que la notion qui lui correspond dans le cours ordinaire de notre vie mentale. Il n’est pas possible de l’étudier in abstracto. Les propriétés des parties du temps se déduisent de leurs relations avec les durées concrètes qu’elles encadrent.

Ajoutons, pour plus de clarté, qu’il ne s’agit pas uniquement, dans cette étude, des divisions du calendrier. Par dates critiques, nous n’entendons pas seulement les termes extrêmes des sections calendaires, mais tout moment qui se trouve l’objet d’une considération spéciale. Le cycle des termes calendaires n’est que l’un des systèmes particuliers de dates critiques et d’intervalles, qui tournent dans le temps.