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que, dans ce cas, la date critique n’est pas une fête, au sens spécial du mot, qui pourrait avoir, comme telle, des conséquences de ce genre, mais simplement le terme d’une période, dont l’observation ne paraît même pas être déterminée par le système chronologique dominant. Il montre que les dates critiques du temps-milieu brisent les durées concrètes, qui, par elles-mêmes en sont indépendantes, avec une sorte de nécessité ; à plus forte raison brisent-elles la durée abstraite, dont elles font partie. Elles sont réellement critiques et dangereuses : pour les médecins antiques, les maladies et la vie humaine en général se nouaient, se dénouaient et se renouaient à des intervalles périodiques de sept jours, de sept mois, de sept années[1]. Bref, le temps où se passent les choses magiques et religieuses est discontinu ; il y a des à-coups dans sa marche.

Ce n’est pas tout. On voit déjà que les parties qu’on y distingue ne sont pas homogènes. En effet, le moment qui constitue la date critique diffère par là même d’un moment quelconque des durées qui précèdent ou qui suivent, et, d’autre part, les durées séparées par les dates critiques diffèrent entre elles, puisque des actes ou des événements cessent ou commencent par le seul fait de leur apparition.

2o Les intervalles compris entre deux dates critiques associées sont, chacun pour soi, continus et insécables. — Un premier indice de leur continuité est fourni par des rites d’entrée et de sortie dont ils ont souvent été l’objet. Ces rites, comparables à ceux qui marquent le commencement et la fin des cérémonies religieuses, leur donnent l’apparence d’un tout continu dont toutes les parties sont solidaires comme celles d’un sacrifice. L’année romaine s’ouvrait aux calendes de mars par une série d’auspications ; elle se terminait en janvier et en février par une série de jours néfastes et de

  1. Roscher, o. l. passim.