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Spartiates, qui attendent la pleine lune pour entrer en campagne[1] et les Athéniens le septième jour du mois[2].

Ces interdictions attestent la préoccupation de donner au temps, où se passent les rites, le caractère spasmodique, qui doit résulter de la succession des points d’arrêt décrits plus haut et de leurs intervalles insécables. Les hommes, dans la crainte de troubler l’ordre des choses par une initiative malencontreuse, s’imposent des règles pour préserver, autant qu’il dépend d’eux, ce même ordre nécessaire, que leurs croyances leur montrent parfaitement réalisé dans le monde. C’est, en effet, une idée généralement constatée, qui domine et trouble l’expérience et dont nos ancêtres ont fait une véritable loi scientifique, qu’un certain nombre de phénomènes, s’ils commencent au début d’une certaine période, durent toute la période et qu’ils attendent le début d’une période pour commencer. Les on-dit météorologiques sont un type assez bon de ces traditions pseudo-scientifiques[3].

Ainsi, si l’on admet qu’une association formelle s’établit entre la durée de certaines choses concrètes et certaines périodes du temps abstrait, considérées comme leur mesure, comme leur unité de temps, on constate que ces périodes sont remplies totalement par les durées en question ou les excluent absolument. La longueur des durées concrètes est entièrement assimilée à celle des périodes correspondantes. On peut toujours, pour l’expliquer, recourir à l’hypothèse d’une nécessité magico-religieuse déterminant arbitrairement la longueur des durées. Mais nous expliquons cette nécessité même, si nous supposons,

  1. Hérodote, VI, 106.
  2. Zénobios, III, 19 : ἐντὸς ἑβδόμης ; cf. Hésych., Suidas. — Cf. Xénoph., Anab., I, 7, 18 : le devin Silanos assure au jeune Cyrus ὅτι βασιλεύς οὐ μαχεῖται δέκα ἡμερῶν.
  3. Théoph. p. 6, 33 : ἐὰν ἕωθεν ἀστράπτῃ εἴωθε παύεσθαι τριταῖος [ὁ νότος], οἱ δὲ ἄλλοι πεμπταῖοι, ἑβδομαῖοι, ἐνναταῖοι (suivant des rythmes locaux de division du temps) : id., 6, 8, μεταβάλλει γὰρ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ ἐν τῇ τετράδι, ἐὰν δὲ μὴ ἐν τῇ ὀγδόῃ, εἰ δὲ μὴ πανσελήνῳ…