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tives, autrement dit les tabous du temps. Ce qui vient d’être dit des jours vaut pour les périodes. Les mois par exemple ont, l’un par rapport à l’autre, une teneur qualitative constante, qui leur donne une véritable individualité[1]. À la rigueur, leur place dans l’année solaire, la diversité des opérations, agricoles ou autres, qui, par la force des choses, s’y accomplissent, peut passer pour le principe de leur différenciation. Mais, cette défalcation faite, il subsiste un résidu de prescriptions différentielles, telle, entre autres, l’interdiction du mariage au mois de mai, où se révèlent des qualités qui leur appartiennent en propre. Nous admettrons donc provisoirement que les parties du temps et le temps en général sont conçus comme doués ou susceptibles de qualités.

IV

Notre investigation se rapproche ici d’analyses philosophiques, dont la représentation de la durée dans la conscience individuelle a récemment été l’objet. Dans ses Données immédiates de la conscience, M. Bergson est arrivé à conclure que la notion de temps n’est pas uniquement celle d’une quantité, mais qu’elle est qualitative. Dans les subtiles arabesques de Matière et mémoire, il substitue, comme élément générateur de la représentation du temps, aux notions de grandeur, de position, de succession celle de la tension active par laquelle, d’une part, se réalise dans la conscience l’harmonie des durées indépendantes de rythmes différents et, de l’autre, se distribuent et circulent les images entre les différents plans de cette même conscience. Ainsi s’achève dans son système, le transport de l’idée de temps du domaine de la quantité pure à celui de la qualité.

    se lavent la tête) ; De Nore, o. l., p. 278 (jours à choisir et à éviter pour les saignées).

  1. Warde Fowler, o. l., observations générales sur chacun des mois.