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Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/45

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nécessité logique et psychologique la conclusion que sont l’âme et le mythe.

Entre ces trois états de la représentation l’équilibre est toujours instable. Elle oscille sans cesse de la notion d’un phénomène ou d’une chose à celle de l’agent impersonnel ou personnel qu’elle met derrière. Zeus est à la fois un homme et le ciel, sans compter divers animaux. La juxtaposition est contradictoire, mais la raison d’être d’une notion comme celle de dieu est précisément de réconcilier dans l’esprit du croyant des idées et des sentiments qui s’entrechoquent et dont il ne veut rien abandonner. Ainsi, pour nous, dès le début, les représentations collectives se développent en mythes, tout comme l’idée générale, dans l’esprit individuel, ne peut être pensée sans images concrètes.

V

PSYCHOLOGIE RELIGIEUSE ET SENTIMENT RELIGIEUX

En nous appliquant à l’étude des catégories, nous avons, paraît-il, outrepassé nos droits[1] et l’on nous accuse de compromettre le bon renom de la sociologie, en l’étendant indûment jusqu’aux limites de la dialectique. Notre domaine ne va, nous dit-on, que jusqu’où l’on trouve des institutions. On nous abandonne le sacrifice, une partie de la magie ; on nous conteste l’autre et non moins catégoriquement toute une moitié de la mythologie. On a réservé tout ce qui est mental à la psychologie. Les sociologues n’auraient pour eux que les groupes et leurs pratiques traditionnelles[2]. Mais on oublie qu’il y a des façons de penser en commun aussi bien que des façons d’agir en commun.

  1. H. Berr, o. l. l. l., p. 16, 29 sqq., 36 sqq.
  2. H. Berr, o. l., p. 42.