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Page:Hubert - La Torture aux Pays-Bas autrichiens pendant le XVIIIe siècle.djvu/148

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Cinq minuttes après neuf heures, dit le prisonnier qu’aiant passé par chez la veuve Bietmé, le matin lorsqu’il ailoit à la fosse, il y trouva Gérard B… avec qui il ne voulu pas boire, mais qu’il luy promit de le venir retrouver au retour de la fosse, ce que le prisonnier fit effectivement, et burent alors ensemble ; qu’ils sortirent ensuitte de chez lade Bietmé à Cahottes, et furent a fontaine voir le cadavre du berger nommé Simon, qui avoit été tué la veille ; que de la ils furent chez la nommée Adrienne audit fontaine, d’où ils sortirent et retournèrent chez lade Bietmé à Cahottes, et que, chez lade Adrienne, Gérard B… dit au prisonnier qu’il luy donneroit des coups de bâton, a quoy le prisonnier repondit qu’il se foutoit de luy B…, et que s’il luy donnoit un coup de bâton, luy prisonnier luy donneroit un coup de fusil ; que cependant ils retournèrent chez lade Bietmé, ou le prisonnier coupa un petit morceau de viande qui pouvoit faire deux bouchées, et l’aiant approché du feu sur la pointe de son couteau pour le rôtir, ledit B… empoigna dans son couteau et ensuitte luy parla de cette fille, à qui ledit B… avoit fait un Enfant, pretendant que cette fille avoit parlé au prisonnier pour reporter L’enfant chez B…, que les parolles étant monté entre eux, ils sautèrent L’un contre L’autre, et ce fut alors que le prisonnier luy porta un coup de couteau, qu’on luy a dit avoir porté au chœur, et que ledit B… avoit aussy le couteau a la main, et que lade Bietmé et sa fille ont porte le corps sur le chemin, étant mort à ce qu’on a dit au prisonnier, deniant d’avoir été présent, lorsque le cadaver a été transporté. Ajoutant le prisonnier que ce qui marque que ledit B… étoit armé de son couteau, c’est que luy prisonnier a été blessé à la main, que le lendemain on a trouvé le cadaver sur le chemin, et quil a oui qu’on luy avoit pris les boucles d’argent et que lade Bietmé et sa fille en ont eu le nom, qu’ils ont été tout le long du jour ensemble, et qu’ils ne sont pas battus parmi le chemin.

Dit encore que, lorsque le prisonnier vit que le di B… étoit tombé sur un chaudron, il prit la lampe qui brulloit et s’approcha de luy pour voir s’il étoit mort ou vivant, et aiant remarqué qu’il ne vivoit plus, le ptisonnier ramassa son fusil et se sauva ; dit qu’il a reçu le coup à la poitrinne qui a porté au choeur près de la gorge, et que, quant ils se sont pris de querelle pour le sujet cy dessus exprimé, ils étoient assis tous les deux, et que les parolles s’étant égris, ils se sont levés, ont sauté L’un contre L’autre, et se sont réciproquement et en même tems porté les coups, qu’il luy a porté les coup desous la gorge et qu’il est entré au choeur.

Dit encor qu’il a porté le coup audi B… près de la gorge, qui luy est entré dans le corps, avec le couteau de luy prisonnier, qui etoit du prix de quatorze Liards de Liége et que des pareils couteaux sont assez grands pour cela. Demandant si c’est peut-être avec quelque picquot qu’il a reçu les autres coups, ajoutant : « que c’est avec un picquot, mais je n’en sais rien, ce n’est pas moy qui luy a donné ces coups la, il faut que c’ay été les deux femmes, mais je ne l’ai pas vu » ; ajoutant : « faites moi quitter ces cordes la, je vous dirai tout ».

Dit encore que luy prisonnier n’avoit pas de baton, mais seulement son fusil, et que, si ledi B… a eu d’autres coups que celuy du couteau prémentionné, il faut qu’il