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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/100

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Messieurs,

L’humble requête des soussignés habitants les Îles de la Magdeleine, dans le comté de Gaspé.

Expose :

Que ces Îles sont presqu’entièrement habitées par les descendants de ces braves et malheureux Acadiens qui, chassés de leur pays par la conquête, vinrent chercher un refuge sur leurs bords inhabités, dans l’espoir d’y trouver enfin le repos et la tranquillité qu’ils croyaient avoir assez chèrement achetés par leurs interminables infortunes imméritées.

Que depuis cette première occupation, ces Îles sont passées entre les mains d’un seigneur habitant l’Europe, lequel ne s’y intéresse que pour en exprimer la substance, en y maintenant un système de rentes qui fait obstacle à leur prospérité et fait plier les habitants sous un fardeau insupportable. C’est une nouvelle Irlande en plein cœur de la libre Amérique.

Que ce système est tellement incertain et oppressif, qu’il nous retire jusqu’au courage de cultiver nos terres et d’y faire aucune amélioration, car nous vivons perpétuellement sous la crainte d’une expulsion arbitraire, et cette crainte n’est certes pas chimérique car, outre les nombreuses expulsions dont nous avons été les témoins indignés, nous voyons aujourd’hui que les notifications sont déjà faites par le ministère du notaire public pour l’expulsion en bloc des habitants des îles Entrée et Brion, (environ quinze familles) sous le fallacieux prétexte que leurs baux sont expirés, mais en réalité parce que leurs terres, devenues très fertiles et très productives, feraient la fortune de quelques protégés éhontés d’un propriétaire sans entrailles. Rien ne nous dit qu’une pareille spoliation ne nous soit pas réservée dans un avenir plus ou moins éloigné.

Qu’en rentes annuelles seulement nous estimons avoir