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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/101

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payé plusieurs fois la valeur de nos terres, et que néanmoins après plus d’un siècle de ce système, aucun ne peu se flatter de posséder le coin de terre nécessaire pour creuser sa tombe.

Que jusqu’à présent le propriétaire, par ses agents, a réussi, à force d’intimidation et d’autres moyens inavouables, également réprouvés par le droit divin et par le code criminel, à éluder la loi pour s’exempter de toutes taxes municipales et scolaires sur les propriétés non concédées.

Que, pour comble d’injustice, l’agent actuel a déjà essayé d’annuler les titres maintenant en force, pour leur substituer des titres semblables à ceux dont nous vous transmettons ci-inclus une copie ;[1] nous sommes fermement convaincus que la seule lecture de cet odieux document aura plus d’éloquence que tous les anathèmes dont nous pourrions le charger.

Que cette forme de bail dont l’adoption équivaudrait, sous une autre forme, à une deuxième expulsion en masse, plus inique encore que la première, nous nous déclarons ici à la fois incapables d’en remplir les conditions et crânement décidés à la repousser vigoureusement, quelles que puissent être d’ailleurs les lourdes conséquences de notre refus. Telle est la teneur de notre requête librement et unanimement exprimée en diverses assemblées publiques, tenues à cet effet en ces Îles.

La puissance du Canada se glorifie à juste titre d’être le pays libre par excellence : tout citoyen possède le coin de terre qu’il cultive ; seules les Îles de la Magdeleine sont encore en servage ; voilà ce qui augmente l’amertume de nos regrets et nous fait envisager d’un œil d’envie la prospérité de la Puissance en général et de la province de Québec en particulier, prospérité à

  1. Voir app. ΧΙ