Aller au contenu

Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 96 —

l’usaient beaucoup. Un jour, il demande à l’évêque de Québec la permission de se retirer à Chéticamp pour avoir plus de repos. En l’automne 1798, il est remplacé par son confrère Lejamtel et va hiverner à Arichat. Il ne reviendra aux Îles qu’en 1808 — en remplacement de l’abbé Gabriel Champion qui y résidait depuis 1801 — pour les quitter définitivement en 1812. Tout me fait croire que durant les vingt ans qui s’écoulèrent de 1792 à 1812, les trois missionnaires français qui, à tour de rôle, desservirent les Îles y passèrent presque tous les hivers. Les habitants disaient plutôt notre curé que notre missionnaire et, pour le forcer à ne point les laisser seuls l’hiver, ils refusèrent quelquefois de lui payer toute la dîme.

Depuis plusieurs années, l’abbé Allain supplie son évêque de le rappeler à Québec à cause de son grand âge, de ses infirmités et de la crainte qu’il a de mourir dans les Îles. C’eût été bien raisonnable que l’évêque l’écoutât, mais comment le remplacer ? Monseigneur Plessis voulut connaître nettement la situation et, dans sa visite pastorale de 1811, il arrêta aux Îles de la Madeleine. Il a laissé des notes précieuses sur l’esprit de cette chrétienté. L’abbé Allain profita de l’aubaine et obtint d’être remplacé l’année suivante.

L’abbé Louis-Antoine Dufrêne, le premier prêtre canadien désigné pour cette mission, partit de Québec à la fin d’octobre 1812. La goélette qui le transportait fut prise par un vent violent, poussée en dehors du Cap-Breton et jetée sur la côte de Halifax, vers la fin de novembre, où elle périt corps et biens, à Maccodom, à l’exception de Jean Turbide, jeune homme des Îles qui se sauva assez miraculeusement.

Les Madelinots durent donc passer l’hiver sans prêtre. Ils en souffrirent, car dès le mois de juin 1813, ils supplient l’évêque de Québec de ne pas les laisser plus longtemps dans cet état : ils lui promettent de