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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/115

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gens ; » et un an plus tard : « ils se sont montrés empressés, au delà de ce que j’attendais, à entrer dans les confréries dont votre Grandeur a bien voulu accorder l’établissement l’an dernier. Je n’ai que des nouvelles consolantes à vous donner. »

L’abbé Bélanger n’a « qu’à se louer de leur obéissance. » Ils sont très empressés à se confesser, surtout les jeunes. Il y a donc eu beaucoup de progrès : les jeunes gens, si peu dévots par le passé, se font remarquer maintenant pour leur assiduité à fréquenter les sacrements. Quelques abus du rhum, voire même de la danse, furent les plus grands désordres dont certains missionnaires eurent à se plaindre.

J’ai dit dans un autre chapitre tout le mal que les Français révolutionnaires et les Américains indépendants firent aux Madelinots pour les éloigner de la direction de leurs prêtres et les faire désobéir à la loi. Par ailleurs, après le départ de l’abbé Allain qui avait été leur père, leur ami et leur consolateur dans tous les mauvais jours qui, se succédant l’un à l’autre, formaient la trame douloureuse de leur vie, ils s’étaient sentis abandonnés. L’abbé Allain était un des leurs : il les avait vus naître et grandir ; il les avait mariés, guidés, conseillés ; il avait entrepris avec eux une nouvelle migration pour échapper au démon de la Révolution et sauver leur foi. Car, c’était ce seul motif, leur foi, qui avait réglé leur conduite depuis le départ de l’Acadie. Sa bonté paternelle se les avait attachés comme des fils. Il les comprenait ; il avait souffert avec eux ; il connaissait comme eux les horreurs de la proscription, et c’est de plein gré, c’est par amour pour eux qu’il avait voulu partager leurs douleurs, en les accompagnant dans un nouvel exil. Leur histoire lamentable, il la connaissait, pour la leur avoir fait conter maintes fois ; et c’est au récit de toutes leurs misères qu’il avait senti monter en lui la flamme d’un