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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/122

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ÉMIGRATION

L’idée d’émigrer s’empara violemment des Madelinots vers 1848. Résumons les principales causes de cet exode : Coffin veut faire reconnaître et accepter ses titres de seigneur ; nos Madelinots s’y refusent avec opiniâtreté ; il leur demande une rente exagérée pour quelques arpents de terre ; il les poursuit, leur enlève leurs propriétés ou les tient dans une inquiétude constante. Quelques marchands sans conscience leur font payer les articles les plus indispensables à la vie 75 à 100% plus cher qu’à Québec ; loin de les encourager à cultiver la terre, ils cherchent plutôt à les en détourner ; ils leur font trop de crédits et les tiennent systématiquement enchaînés dans les dettes. Les étrangers viennent s’emparer des meilleurs fonds de pêche, des grèves, même de toutes les Îles dans la belle saison ; et aucun pouvoir civil ne protège les insulaires qui sont obligés d’aller chercher à la Baie Saint-Georges et sur la Côte-Nord le poisson qu’ils pourraient prendre aisément à leur porte, n’étaient ces nuées de pirates qui s’abattent sur leur territoire. Dans ces courses lointaines, ils font des marchés plus avantageux qu’aux Îles, rencontrent des lieux habitables et en rapportent la description à leurs familles émerveillées. Une disette, une famine, qui plongea toute la population dans la misère noire en l’hiver 1847-48, en décide enfin un grand nombre à s’expatrier.

À la Baie Saint-Georges

Voici en quels termes pathétiques l’abbé Bélanger décrit la situation au mois de mai 1848 :

« Fatigués de souffrir de la faim et ne voyant devant elles que la fâcheuse perspective de souffrir encore davantage à l’avenir, un grand nombre de familles originaires de ces îles émigrent sur les plages arides, hâves