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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/130

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les encouragent et les relèvent de leur abattement, en leur faisant entrevoir la possibilité de trouver entre Mingan et Sainte-Geneviève un emplacement favorable. Fortifiés, ils font voile à l’est, passent la Pointe-aux-Esquimaux, sans songer à s’y arrêter et arrivent aux Betchouans, le 9 juin. Ils mouillent l’ancre, descendent et visitent : havre excellent, terrain pierreux, une seule source d’eau potable. Devant cette situation peu alléchante, quelques femmes font remarquer timidement qu’elles ont observé, à mi-chemin entre Betchouans et Mingan un site qui leur a beaucoup plu. Après quelques heures de réflexion, on se rend à ce dernier parti et le lendemain, 10 juin, un mercredi, veille de la Fête-Dieu, on hisse les voiles. Vers midi, le Mariner jette l’ancre devant la Pointe. Après un rapide coup d’œil, tout l’équipage est conquis, et, séance tenante, bestiaux, effets et matériaux, tout est débarqué. On bâtit à la hâte quelques cabanes pour l’été, pour y abriter les vieillards, les femmes et les enfants. Après cette sommaire prise de possession, tous les hommes sous le commandement de Nathaël se rendent à Sheldrake pour la pêche ».

Chaque année ensuite, d’autres familles s’ajoutent aux premières. Le gros de l’émigration se porte surtout vers la Pointe-aux-Esquimaux. Le poste de Kégaska ne dure que 23 ans. Pendant ce temps les Acadiens l’abandonnent, en vendant leurs propriétés à des Irlandais venus de Terre-Neuve, et vont fonder Betchouans d’où ils lèvent le camp en 1887 pour s’éparpiller un peu partout.

Natashquan était le poste le plus avantageux pour la pêche. Les gens y vivaient dans l’abondance ; tous avaient le précieux bas de laine chargé d’épargnes : point de dettes. Leur situation s’était considérablement améliorée depuis leur départ des Îles. C’était