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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/149

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s’assurer de nouvelles avances[1]. Durant ce temps, les Américains qui se considèrent comme en pays conquis, font sécher leur morue sur les grèves, s’emparent des animaux dans les champs et, profitant de l’absence des pêcheurs, vont jusqu’à pénétrer dans des maisons qu’ils pillent, après en avoir ligoté les occupants inoffensifs.[2] Parfois même ces vandales se rassemblent jusqu’au nombre de 1000 et se livrent à toutes sortes de déprédations. Que peuvent les vieillards, les femmes et les enfants ! (J. Fontana).

Il est clair que de cette façon le commerce des îles était une source intarissable d’immenses revenus plutôt pour les étrangers que pour la province dont elles dépendaient. À force de se lamenter, d’envoyer pétitions sur pétitions, d’exposer les difficultés de leur situation désespérée, les Madelinots obtinrent enfin un quart d’heure d’attention de Québec. Monsieur Jos. Bouchette fut chargé d’y faire un voyage d’étude en l’été de 1850, et le 24 mars 1851, il soumettait à l’Assemblée Législative un rapport très détaillé sur la valeur et l’importance de ces îles, les ressources naturelles et commerciales qu’elles offrent dans leurs inépuisables pêcheries et les avantages agricoles d’un sol très fertile.

  1. « À partir de 1850, toutes les goélettes des Îles, se rendaient directement à Blanc-Sablon, n’achetant aux Îles que ce qui était strictement nécessaire pour la traversée. Une fois là, les maisons de Quetteville et de LeBoutillier leur avançaient tout ce qu’il fallait pour la saison. Quand la pêche était bonne, les goélettes s’en retournaient chargées, frais payés ; autrement, en se faisant avancer aux Îles, toute la cargaison aurait été mangée par les frais. Ils avaient aussi l’avantage de vendre leurs huiles au comptant. Quand la morue manquait, la cargaison était complétée avec le gros hareng. » (Vigneau).
  2. En souvenir de ces forfaits un vieux Madelinot porta le surnom de Pillé.

    Le soir, les femmes se rassemblaient par petits groupes chez la plus brave d’entre elles et se munissaient de fourches et de bâtons pour se défendre, si des maraudeurs effrontés se montraient. Une vieille tante me racontait qu’elle-même essayait de faire la brave, mais pour réconforter ses compagnes, car le cœur lui battait bien fort…