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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/156

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Cette pêche a varié d’une façon assez incompréhensible, mais elle a toujours rapporté trois fois plus que dans les comtés réunis de Bonaventure-Gaspé ; plus à elle seule que dans le reste de la province de Québec. Qu’on s’en rende compte par un rapide coup d’œil sur le tableau suivant, puisé dans l’annuaire statistique de Québec. (1919, p. 374). J’ai pris des chiffres quinquennaux un peu au hasard. Cela montrera peut-être davantage les oscillations de cette pêche.

Années I. de la M. Gaspésie Diff. Total P. Q. % I. M.
boîtes : 1 lb qtx en écailles boîtes : 1 lb qtx écailles livres boîtes 1 lb qtx écailles
1897 703656 291218 94 408937 1036202 94 67.68
1902 429826 191200 55 296573 708019 55 60.53
1907 588109 167520 90 417229 819723 90 71.45
1912 827568 60 241408 190 581307 1086096 300 75.62
1917 542304 14 96192 850 414902 669360 864 77.37
1922 621704 104443 1188 472904 759600 1190 77.32

Le hareng, lui, n’a pas diminué. Il continue, chaque printemps, d’étreindre l’archipel de la Madeleine de ses innombrables légions. On le pêcha d’abord et longtemps au filet, puis à la seine qui fut remplacée par l’attrape : seine flottante fixe qui ressemble beaucoup aux pêches à fascines du bas du fleuve Saint-Laurent. Il n’est pas rare qu’elle prenne jusqu’à 2000 barils à la fois. Le plus grand débit se fait aux pêcheurs des bancs de Terre-Neuve, le reste s’exporte dans les boucaneries des Provinces Maritimes ou se consomme sur place. Pour s’éviter des luttes de clans, des querelles et des fatigues extraordinaires, les pêcheurs de hareng se forment en coopérative. Ils laissent alors les acheteurs aller librement où bon leur semble : ils sont assurés d’en avoir une part. Autrement, c’est un attrape-qui-peut très démoralisant, puisqu’il force ces fils d’une même mère — la mer — à guerroyer dans le large, exposés à toutes les tempêtes, dans