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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/164

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QUELQUES DÉSASTRES MARITIMES

De tout temps, les Îles de la Madeleine ont été le théâtre ou le témoin de furieuses tempêtes, de violents coups de vent, de terribles ouragans qui ont causé de lamentables désastres, ruiné plus d’une famille et semé la désolation et le deuil dans toute la population. La tradition les conserve tous, et les vieillards les racontent aux enfants de leurs enfants, avides d’histoires et de légendes.

Voici les plus inoubliables et les plus sensationnels.

Écoutons notre vieil ami, Monsieur Placide Vigneau : C’était en 1856, ma seconde année de navigation ; nous partîmes dix-huit goélettes des Îles de la Madeleine pour la « pêche dans le Nord ». Ayant complété notre équipement à Blanc Sablon, nous filâmes un peu plus à l’est dans le détroit de Belle-Isle, cherchant un abri pour nos goélettes à proximité des bancs morutiers. Le 27 ou le 28 juin, à la tombée du jour, nous arrivâmes à une petite anse du côté est de l’île Greenly où nous mouillâmes l’ancre au milieu d’une quinzaine d’autres goélettes américaines et néo-écossaises qui y étaient déjà rendues. Il y avait aussi un brick yankee.

Nous apprîmes de ces gens que la morue abondait. Le lendemain, à la pointe du jour, nous jetâmes nos barges à la mer et houp au large. À cette époque nous n’avions pas encore le doris, embarcation beaucoup plus légère et plus maniable que la barge, mais plus frêle et moins confortable.

Nous commencions déjà à nous encourager, quand le 2 juillet vers les deux heures de l’après-midi le temps se couvrit presque subitement, suivi d’une saute de vent d’est qui fraîchit avec une rapidité étonnante. « Ça menace mal, nous dit mon oncle Alcide, le temps est chargé ; on pourrait bien avoir un coup de vent… C’est pas des fiances de rester au large… » et se levant