Aller au contenu

Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 165 —

petite goélette y apportait les malles une fois le mois. Ce nouveau service favorisa le commerce et atténua un peu l’isolement des insulaires. Pendant trente ans, il y aura ainsi un petit vapeur une fois ou deux par quinzaine, puis, vers 1905, deux fois la semaine, du commencement de mai à la fin de décembre. Le gouvernement fédéral y commença vers 1900 la construction de quais à eau profonde, pour servir à la fois de débarcadères et d’abris[1]. Amélioration immense ! Personne ne songea à regretter l’ancien mode de débarquement par chaloupes. Le transport actuel beaucoup plus commode et plus facile permet aux insulaires de s’organiser pour expédier plus rapidement leurs produits sur le marché. L’agriculture qui a fait de remarquables progrès depuis une quinzaine d’années pourrait encore être plus intense et permettre l’exportation de plusieurs produits. Ce qui manque, ce n’est pas la possibilité de produire ni d’exporter, c’est l’organisation, c’est la création d’un marché… Ce n’est pas irréalisable. Déjà Terre-Neuve y vint chercher plusieurs cargaisons de pommes de terre et de navets, il y a quinze ans ; mais cette porte entr’ouverte se referma aussitôt faute d’initiative, d’esprit d’organisation et de sens commercial de la part des Madelinots. Depuis trois ou quatre ans on exporte de 4000 à 6000 douzaines d’œufs chaque année. C’est beau et c’est peu… Toutefois, l’importation est assez restreinte, à part la farine, et l’on peut dire en somme que les Îles se suffisent à elles-mêmes dans les produits de la ferme. Les sociétés d’agriculture, les cercles agricoles, les cercles de fermières ont fait un bien considérable et crée chez l’insulaire un véritable enthousiasme pour la culture de la terre. Des gens du pays m’affirment même que les pêcheurs y prennent

  1. On avait commencé à en construire un à l’Étang-du-Nord en 1881, mais on ne put l’achever parce que la mer et les glaces le mangeaient à mesure.