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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/219

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De toutes parts on reconnaissait la nécessité absolue de maintenir des communications télégraphiques sur ce rocher.

Quelques semaines plus tard, monsieur Turbide, jugé compétent, fut nommé gardien et resta en fonction jusqu’à l’année 1896. Pendant son administration, de 1880 à 1890, le câble fut rompu plusieurs fois. Monsieur Gilford, capitaine du SS Newfield, chargé des réparations, était un homme tellement nerveux et froussard qu’il tremblait d’effroi rien qu’à la vue du Rocher.

Aussi, les réparations étaient-elles faites à la va-vite : jeter négligemment le bout du câble à terre, sans rechercher l’endroit le plus propice, s’en aller chanter sur tous les tons au gouvernement qu’il était impossible de fixer solidement un câble sur le Rocher-aux-Oiseaux : voilà la principale occupation du réparateur grassement rétribué. Finalement, en 1890, malgré les pleurs du gardien, sans considérer les services signalés que le télégraphe avait rendus lors de l’explosion du canon en 1881, on eut l’impardonnable barbarie de retirer le câble et de laisser le pauvre gardien sans aucun moyen direct de communication avec la terre ferme[1], exposé à être des mois entiers dans une misère extrême, sans pouvoir obtenir aucun secours.

L’année suivante, en 1891, par une explosion du canon, le gardien se fit emporter une main ; le câble n’existant plus, il fallait attendre le passage d’un vaisseau en vue du Rocher. Après deux longs jours de souffrances atroces, le capitaine Frédéric Poirier, de Arichat, C. B., arriva au Rocher. Voyant la situation pénible dans laquelle le gardien se trouvait, il consentit à le conduire à Chéticamp, C. B., afin qu’il put recevoir les soins urgents que réclamait son état précaire. Un mois s’écoula avant qu’il put se faire remplacer

  1. Terre ferme est mis ici pour les Îles de la Madeleine qu’on considère comme telle quand on est sur ce rocher isolé.