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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/220

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temporairement sur le Rocher. En 1896, le même fit une chute assez grave et obtint une vacance. Dans le mois de septembre de la même année, il envoya sa démission. Monsieur Arsène Turbide fit l’intérim en attendant la nomination du gardien attitré, qui fut monsieur Pierre Bourque, nommé dans le mois de novembre suivant, trop tard pour se faire transporter sur son rocher ; Arsène Turbide fut donc obligé d’y passer l’hiver en compagnie de Charles Turbide, fils du gardien, et de Damien Cormier et son épouse.

Le 7 mars, 1897, par un temps magnifique, les trois hommes se décidèrent d’aller à la chasse sur les glaces qui entouraient le Rocher. Le pénible accident de 1880 se renouvelle. Surpris par la tempête, ils sont emportés à la dérive. Charles Turbide, 17 ans, et Damien Cormier, 60 ans, meurent de froid la première nuit qu’ils passent sur la banquise, l’un à minuit, l’autre à deux heures du matin. Arsène Turbide, après trois jours et trois nuits de marche, sans aucune nourriture, n’ayant pour breuvage que du sang de loup-marin, les pieds gelés, ayant franchi sur les glaces une distance géographique de 60 milles, fait terre à la Baie Saint-Laurent, C. B. Quinze jours plus tard, il expire des suites de cette marche pénible. L’épouse de monsieur Cormier, (Ainée) restée seule sur le Rocher, n’avait aucun moyen de communiquer avec le reste de l’univers. Heureusement, depuis plusieurs années, quelques hommes, s’exposant à mille misères et bravant mille dangers, avaient l’habitude d’aller chaque printemps au Rocher faire la chasse aux loups-marins, assez nombreux dans ces parages. Le 9 mars, cinq de ces hardis chasseurs arrivèrent au Rocher, et la pauvre femme, à moitié folle de terreur, fut sauvée ; elle n’aurait pu rester ainsi plus longtemps. À l’ouverture de la navigation, monsieur Pierre Bourque se fit transporter au Rocher où il arriva le 17 mai 1897. J’ai à vous faire remarquer la troisième explosion du canon. Le 12