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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/224

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sans raison, inquiéta son épouse qui envoya son jeune neveu en recherche. Il revint bientôt, disant que son oncle était debout dans l’eau au bord de la glace. Daniel Turbide, l’assistant-gardien, se précipita à la suite du neveu avec des cordages, et ils réussirent à monter monsieur Bourque sur la glace qui était haute. Mais hélas, il était sans vie. Comment était-il mort ? Mystère ! On se perdit en conjectures et on n’arriva jamais à la solution du problème

Le défaut de communications qu’il avait tant déploré obligea sa femme à passer des heures cruelles, en attendant que le hasard amène un navire à son secours. Le premier qu’on signala, plusieurs jours après, fut le SS. Seal de Saint-Jean, T. N., à la recherche des loups-marins. Il transporta la dépouille mortelle et la veuve éplorée au Havre-aux-Maisons, avant même que la nouvelle parvint à la famille.

Monsieur Elphège Bourque remplaça son oncle au poste de gardien, en l’été de 1912, après une vacance remplie temporairement par l’assistant Daniel Turbide. Depuis lors, tout marchait bien ; des réparations avaient été faites au point d’atterrissage pour rendre l’accès plus accostable ainsi que d’autres améliorations. Dix années s’étaient écoulées sans que la sinistre prédiction se réalisât, mais voilà qu’au mois de novembre 1922, tout le personnel s’empoisonne par l’emploi de l’eau qu’on est obligé de recueillir, lors des pluies, dans un grand réservoir. Ici encore, le défaut de communications rendit la situation d’une gravité extrême, et on eut à enregistrer la mort d’une personne, Albin Bourque, le frère du gardien. Philias Richard, un assistant, mourut des suites de cet accident, dix-huit mois plus tard ; seul Octave Lancford en réchappa assez misérablement.