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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/236

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les Français, écrit à son tour à Charles Fitzroy, lieutenant-gouverneur de l’Île du Prince-Édouard, le 20 septembre 1839, que les habitants sont en général d’une humeur tranquille et inoffensive, et que les rixes ou les querelles sont très rares parmi eux.

Et quant à leurs prétendus délits de rapine et de piraterie, voici de quelle façon Baddeley les absout devant l’histoire : « Les accuser de brigandage et de vol, c’est vouloir traîner dans la boue la réputation d’un peuple scrupuleusement fidèle à observer les lois divines et humaines. Jamais, pas même leurs plus malveillants ennemis n’ont réussi à formuler contre ces consciencieux insulaires de manquement grave d’humanité. »

« Que le sort du Grannicus eut été différent, s’il avait fait naufrage sur les Îles de la Madeleine ! » En effet ces pauvres gens avaient souvent à secourir des équipages et des marins que les tempêtes jetaient sur leurs rives. Qu’on examine le tableau des naufrages à la fin de ce livre et on se fera une haute idée des services signalés rendus par les insulaires aux victimes de la mer. Le gouvernement ne faisait pas de dépôts de provisions ni de vêtements pour naufragés.[1] Ces accidents se produisaient surtout à l’automne, alors que les communications avec la terre ferme étaient difficiles et souvent interrompues ; c’était nos pêcheurs peu fortunés qui, sans rémunération aucune, nourrissaient les rescapés au dépend de leur garde-manger, insuffisamment ravitaillé pour leurs familles nombreuses.[2] Plusieurs de ces réchappés trouvèrent une hospitalité si charitablement empressée, si fraternellement cordiale qu’ils ne voulurent plus s’en retourner dans les vieux pays, et y fixèrent leurs pénates et fondèrent de nouvelles familles : telles sont, Céleste McLoad, mariée à David Arseneau, Marguerite Maldune, mariée à J.-B.

  1. Il envoya de la farine en 1875.
  2. Alex. Cormier, J. P. 1852