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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/235

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des lois et de leurs sanctions. Et on demandait à grands cris une prison pour les y enfermer et les assagir. La prison bâtie, elle resta sans hôtes, comme de nos jours. Quel était donc le fond de cette affaire ? C’est que les insulaires, de très bonne foi, se croyaient réellement les légitimes propriétaires des biens qu’ils occupaient de longue date et refusaient de reconnaître le seigneur. Celui-ci ne s’attendait guère à la résistance. Il détestait au suprême degré ces misérables Acadiens qui avaient conservé au plus profond de leur cœur un grand amour de la France Chrétienne et royale d’avant la Révolution. Ce fanatique à tout crin ne savait pas que c’était la fidélité à la religion et au roi, le souci intense de la paix et le dégoût des scènes douloureuses dont Saint-Pierre avait été témoin, qui les avaient amenés dans ses domaines ; sans preuve aucune, il les disait alliés aux révolutionnaires français et ennemis irréductibles de la Grande-Bretagne. Les moindres incidents servaient à propager ces mensongères accusations. C’est ainsi que MM. Brenan et Fogarty qui voulaient arpenter de force les terres de quelques pêcheurs de l’Étang-du-Nord, se voyant mis à la porte d’une façon un peu cavalière, publièrent que l’île était en rébellion ouverte, « qu’il faudrait une force armée pour maintenir l’ordre. » Enquête sérieusement faite, il en résulta clairement que les habitants étaient très paisibles et que les sinistres bruits largement répandus sur leur compte étaient un tissu de noires calomnies.

En 1831, le lieutenant J.-H. Baddeley, qui fit sur place un étude approfondie et documentée, a la courageuse franchise d’avouer que si ces gens sont un peu emportés entre eux, ils sont d’une politesse exquise dans leurs relations avec les étrangers. Le Capitaine Baynes, malgré son antipathie ancestrale pour