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y a vne ille au surouaist, qui est moult haulte et pointue, qui par nous fut nommée Allezay. Le premier cap fut nommé le cap saint Pierre, pour ce que le jour dudit sainct y arrivames.

« Dempuix ladite ille de Bryon jusques audit lieu, y a beau fons de sablon, et certaine sonde, qui asoumist conme l’on aproche de terre, égallement. À cinq lieues de terre, y a vingt cinq brasses, et à vne lieue, doze brassez ; bort à terre, seix brassez, et partout beau fons. Et pour ce que voullions abvoir plus emple congnoissance dudit parroige, mismes les voilles bas et en travers. »

Dans la description de Cartier ne reconnaît-on pas le pays qui s’étend de l’Étang-du-Nord à la Pointe-de-l’Ouest ? Cet étang, ce pays bas, ce demi-cercle de sablons et de marais, ne les voit-on pas encore aujourd’hui, quand on fait en voiture, à mer basse, le trajet de l’Étang-du-Nord à la Pointe-de-l’Ouest ? L’étang qu’il voit par-dessus la rangée de sablons, c’est le Havre-aux-Basques ; et ces deux petites îles, c’est l’Île-aux-Goélands avec une sœur disparue ; et cette troisième « moult haulte et pointue », c’est le Corps-Mort dans sa lugubre physionomie[1]. Saint-Pierre a laissé le cap de terre rouge pour étendre sa sollicitude à toute l’île et en faire la paroisse de Saint-Pierre-de-l’Étang-du-Nord.

Au retour de son second voyage, vers la fin du mois de mai, Cartier revit les Îles. Étant à l’Île-aux-Lièvres le dix-sept mai, il fut assailli dans la nuit par un coup de vent de nord-est qui le repoussa jusqu’à l’Île-aux-Coudres où il demeura cinq jours. Puis, le vent étant bon, il se remit en route et passa entre l’isle

  1. Voir appendice I