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de sable.) avec un vaisseau appelé le Bonaventure, pour faire de l’huile « avec des bêtes qu’on nomme Morses et qui ont de grandes dents ».[1] J’ai lu en plus d’un auteur que le nom de Ramea fut donné aux Îles par Champlain. Ce doit être une erreur, puisque Champlain lui-même apprit l’existence et le nom de cette île dans les relations de cette première expédition. D’où vient donc ce nom de Ramea ? Au retour de leurs voyages de pêche, les Bretons et les Normands devaient en faire le récit avec chaleur et enthousiasme, Ramea provient très probablement de ce chef, mais comme ces hardis marins n’ont laissé aucune relation écrite, il est difficile de préciser vers quel temps notre archipel fut ainsi baptisé. Ce qui est absolument certain, c’est que ce fut avant 1591.

Le capitaine de l’expédition de 1591 ne nous a pas laissé son nom. Il semble avoir séjourné assez longtemps dans l’archipel, car il fait une description détaillée des îles, des havres pour l’entrée desquels il donne des conseils et des règles aux marins futurs. Il appelle le Rocher-aux-Oiseaux l’Île Aponas, sans doute parce que Cartier avait mentionné une grande quantité « d’apponats » sur ces îles. À un endroit qu’il appelle l’Île Blanche — l’Île d’Entrée, je crois — il tua quinze cents morses ou vaches-marines.

Alléchés par les récits de ces entreprises fructueuses, les Anglais se lancent bien vite sur la trace de leurs voisins. En 1593, un monsieur Hill de Redriffe équipe la Marigold qu’il met sous les ordres du capitaine Richard Strong et du premier officier Peter Langworth, tous deux d’Apsham. La Marigold sera accompagnée d’un autre vaisseau commandé par Georges Drake de

  1. Voir Hakluyt’s Voyages. V. 8, p. 150 et seq.