Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 27 —

sente à leur bord pour jeter les munitions à l’eau. Il s’en suit un combat à mains armées sur le pont des navires français. Les Anglais l’emportent et, malgré l’engagement solennel de ne pas toucher à autre chose qu’aux munitions, ils pillent, saccagent, enlèvent tout ce qu’ils trouvent. Informé de la déloyauté de ses subalternes, Leigh, scrupuleusement fidèle à la parole donnée, intervient et fait rendre aux Français tout ce qui leur a été enlevé, mais il apporte à son bord leurs armes et leurs munitions. Ayant quelques doutes sur la nationalité de ces étrangers, il leur dit : « Si vous êtes les sujets du Roi de France, vous ne perdrez pas un seul sou. » Mais son équipage n’était pas du même avis et il dut réprimer sévèrement une mutinerie qui éclata parmi ses gens qui voulaient à tout prix enlever un navire aux Français.

Ceux-ci s’organisèrent. Le lendemain, 20 juin, à la pointe du jour, au moins deux cents Français et Bretons et trois cents Sauvages étaient rangés en ordre de bataille sur le rivage, où ils avaient placé trois pièces de canons, et se préparaient activement au combat.

Tout à coup une vigoureuse décharge d’une centaine de coups de fusils part d’un petit bois et s’abat sur la tête des Anglais. Charles Leigh constate à ses dépens qu’il n’est pas seul à faire la loi : il hisse le pavillon blanc. Les Français lui demandent d’envoyer des émissaires pour s’entendre avec eux. Ralph Hill et quelques délégués arrivent bientôt sur la grève tumultueuse où ils sont faits prisonniers et gardés jusqu’à la restitution des munitions volées. Ce qui est exécuté sur le champ.

Les Français victorieux, en vertu des lois de la guerre, forment le projet de saisir le navire anglais et de faire passer un vilain quart d’heure à l’équipage, mais les Anglais, flairant anguille sous roche, prennent