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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/40

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la fuite durant la nuit. Pour leur malheur et l’amusement des Français, le courant jette leur vaisseau sur la barre de sable qui garde l’entrée du havre, et ils ne s’arrachent qu’à grand’peine de ce mauvais pas, après avoir perdu une ancre, un câble, une chaloupe et laissé deux hommes prisonniers.

Voilà la première bataille et la première victoire des Français au Canada. Elle a lieu sept ans avant la fondation de l’Acadie, onze ans avant la fondation de Québec et douze avant le combat du Lac Champlain. Et c’est sur ce petit coin de terre perdu au milieu des brumes du golfe que s’ouvrit le long et douloureux drame qui devait se terminer 163 ans plus tard ; sur ce coin de terre où dans 200 ans viendront s’échouer les tristes épaves de la déportation acadienne.

Les Bretons et les Basques ont-ils continué leurs expéditions de pêche, les Anglais sont-ils revenus troubler ces rivages ? Rien ne nous l’apprend. Aucune relation de voyage ne parle des Îles avant Champlain qui les appelle Ramée-Brion et n’en dit pas plus long.

PREMIERS ESSAIS DE COLONISATION

Le premier propriétaire attitré de l’archipel fut Nicolas Denys qui reçut ses titres le 3 décembre 1653. On lit à l’entête : « Concession des Pays et Isles situées entre la grande Baye Saint-Laurent à commencer depuis le cap Canceaux jusqu’au cap des Rosiers. » (Archives de l’Acadie, p. 207 C. g. v. I.) Cet acte était passé entre la Compagnie de la Nouvelle-France et celle de Miscou et le Sieur Nicolas Denys. Celui-ci s’engagea à payer 15,000 livres et à « faire dans l’étendue des dits pays, terres, costes et isles à luy concédés, dans le temps et espace de six ans, au moins deux habitations de quarante familles chacune, françaises, ca-