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DOMINATION ANGLAISE

ÉTABLISSEMENT ACADIEN

Le drame de Grand-Pré était à peine consommé ; les armées formidables avaient tout juste descendu le majestueux fleuve, et le drapeau de France fermé son aile blanche ; la chasse barbare à l’Acadien n’était pas encore terminée dans les forêts et sur les rives de la Nouvelle-Écosse et de l’Île Saint-Jean, que déjà un Américain en herbe était rendu sur les Îles de la Madeleine pour y pratiquer la tuerie des vaches et des loups-marins et la pêche du homard. Après avoir établi un poste au Havre-Aubert, Richard Gridley[1] demanda, le 31 décembre 1762, la concession des Îles de la Madeleine aux Lords du Commerce qui ne se rendirent pas à sa prière, semble-t-il.

Quelques historiens prétendent que Gridley y amena les premières familles acadiennes qu’il avait embauchées à son service par d’alléchantes perspectives. Ce fait semble solidement confirmé par des documents officiels. Ainsi, dans un rapport du gouverneur Palliser de Terre-Neuve — dont dépendaient les Îles de la Madeleine depuis le traité de Paris — on voit que le 31 août 1765, 17 acadiens et 5 canadiens, engagés dans

  1. Dans l’Histoire de Canton par Huntoon, on lit que le Colonel Richard Gridley naquit à Boston, le 3 janvier 1710, qu’il participa au siège de Louisbourg en 1745, entra dans l’armée britannique en qualité de colonel et d’ingénieur en chef, en 1755, prit part à l’expédition de Ticonderogo en 1756 et fut chargé de la construction du fort Georges. Il servit sous Amherst en 1758 et accompagnait Wolfe sur les Plaines d’Abraham en 1759. La paix rétablie, il alla en Angleterre pour mettre ordre à ses affaires, et en récompense de ses services obtint la concession des Îles de la Madeleine. Il mourut à Stoughton le 21 juin 1796.