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Vigneau était parti de Savannah, Georgie, et Magloire Hébert, de Charleston, Caroline du Sud, sept ans auparavant. Quelques-uns étaient de jeunes ménages, fondés au cours des pérégrinations. Le mariage se contractait du consentement des pères et mères, en présence d’un vieillard qui bénissait les nouveaux époux et les confiait à la garde de Dieu, tels les patriarches de l’Ancien Testament. La réhabilitation de ces mariages comme les cérémonies du baptême, aux enfants ondoyés fut faite à leur arrivée dans l’île, du 30 octobre au 26 décembre 1763.[1]

Ces pauvres réchappés furent reçus avec toute la douceur de la charité chrétienne et de la pitié compatissante par leurs compatriotes, le gouverneur et l’aumônier. Ils eurent enfin des maisons pour se loger, des hardes pour se vêtir et des vivres pour apaiser leur faim.

Au mois d’août de l’été suivant, un groupe de compatriotes de Chédabouctou et de l’Île Saint-Jean vint les rejoindre, d’autres de Boston, de Halifax, si bien qu’en 1767, ils se trouvent 551 sur ce rocher perdu en mer, malgré les hésitations du Président du Conseil de la Marine et les départs forcés pour les ports de France, etc.

Dès les mois de septembre de l’année 1764, le Sieur Perreault, un Canadien repassé en France, leur écrit une longue lettre où il les exhorte à abandonner ce rocher étroit, stérile et froid pour aller s’établir à Cayenne, en Guyanne. Il leur montre qu’ils ne sont pas à l’abri d’un mauvais coup, que l’île ne peut pas

  1. Ces renseignements me viennent du registre de l’Île Miquelon pour 1763. Le premier recensement fut fait en 1767 mais, comme il n’indique pas la date d’arrivée de chaque famille, il faut s’en tenir au premier qui doit comprendre tous les immigrés de 1763. Voir appendice IV.