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leurs quelques années qu’ils désiraient passer en pays anglais, craignant sans doute une nouvelle visite des Anglo-Saxons, de tout temps les irréconciliables ennemis de la France. Ils avaient eu bon flair, car le 14 mai 1793 une flotte anglaise, commandée par le vice-amiral King et le brigadier O’Gilvie, jetait l’ancre en face de Saint-Pierre. Le reste des Acadiens de Miquelon, profitant de la nuit, s’embarquèrent avec le peu d’effets qu’ils possédaient et quelques bestiaux pour s’en aller vers le Cap-Breton. L’abbé Lejamtel les accompagnait. Cent quinze d’entre eux avec onze pièces de bestiaux arrivèrent à Arichat sur dix chaloupes non pontées.[1]

Deux autres chaloupes, portant quatorze personnes, atterrirent à Main-à-Dieu. William Macarmick, Lieutenant-Gouverneur du Cap-Breton, les reçut avec une exquise humanité de parfait gentilhomme qui l’honore devant l’histoire. Le 12 décembre de la même année, il écrivit au Secrétaire d’État Dundas, qu’il voulait établir ces nouveaux colons autour du Gut de Canso et que « la plus grande partie des habitants des îles capturées restera probablement sur les Îles de la Madeleine. » Or, il y mentionne les 250 personnes que nous avons vues arriver sur ces Îles en 1792, car quatre d’entre elles avaient été déléguées à Sydney pour obtenir la permission de s’établir sur le Cap-Breton ; mais n’ayant pas eu de réponse très favorable, elles avaient décidé de ne plus tenter de nouvelles démarches[2].


On s’étonnera peut-être que pour raconter la petite histoire de mes Îles j’aie fait un si grand détour, mais

  1. Archives du Cap-Breton, vol. 11, p. 47, 31 mai 1793.
  2. Voir appendice IVa.