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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/82

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COFFIN ET LA TENURE DES TERRES

Si nos Îles avaient pu élargir leurs cadres restreints et garder leurs fils, elles auraient actuellement onze paroisses de 2000 âmes. Mais les premiers départs ne furent pas causés tant par le besoin d’expansion des Madelinots que par le dégoût qui a ouvert les portes des Îles et fait reprendre le chemin de l’exil à ces gens : ils n’avaient plus un pouce de terre où reposer leur tête.

Quand les fils des Martyrs y abordèrent, ces îles étaient une terre vacante de la Couronne. Ils s’y fixèrent sans ordre au bord de la mer et se taillèrent de petits domaines qu’ils agrandirent et multiplièrent au besoin… Ils étaient les maîtres du lieu : chacun prenait la pointe de terre qui lui convenait et tout était dit. Quand l’Amiral Coffin, en 1781, sollicita de Dorchester la concession de cet archipel, il apprit que ces Îles n’étaient pas comme les autres terres de la Couronne. Mais les insulaires l’ignorant ne firent aucune démarche pour régulariser leur situation et prendre des titres de possession. En cela, ils eurent tort et grandement tort. Et je ne puis comprendre que les gens instruits de l’île n’aient pas flairé ces futures difficultés. Mais, auraient-ils obtenu quelque heureux résultat ? « Il semble que ce soit le sort de ce pauvre peuple de travailler pour autrui. » Ceux qui avaient pu s’échapper dans les bois lors de la dispersion et s’étaient fixés sur les bords de la Baie des Chaleurs eurent beaucoup de peine à obtenir du gouvernement des titres de possession pour les terres qu’ils avaient choisies et défrichées. En 1792, trente ans après leur établissement à Bonaventure, ils n’ont encore rien obtenu et se plaignent qu’on accorde à d’autres les terres qu’ils ont défrichées et améliorées. (Ferland, La Gaspésie, 1879, p. 194.)

Le gouvernement britannique, afin de tirer au net