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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/83

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l’affaire de Gridley qui n’était pas un loyaliste, retarda pendant onze ans la demande de Coffin. Cependant, les insulaires ne donnèrent aucun signe de vie, prétendant, dirent-ils dans la suite, qu’ayant habité les Îles au temps où elles appartenaient au gouvernement de Terre-Neuve, ils bénéficiaient de la loi anglaise, alors en force, particulièrement l’acte 10 et 11 Wm. III, chap. 25, par laquelle « Toutes personnes qui depuis le 25 mars 1685 ont bâti, coupé ou fait, ou en tout temps ci-après, bâtiront, couperont ou feront des maisons, cabanes ou huileries ou toutes autres commodités pour la pêche qui n’ont pas appartenu aux bâtiments pêcheurs depuis ladite année, en jouiront paisiblement et librement et s’en serviront sans qu’aucune personne ne puisse les en empêcher. » Et ils croyaient que par l’Acte de Québec qui les unissait à cette province, ils étaient maintenus dans leurs droits. Mais le Colonial Office considéra ces textes de loi comme de vulgaires chiffons de papier. En 1798, il expédia, par lettres patentes, à Sir Isaac Coffin, la concession officielle des Îles de la Madeleine, réservant une partie de l’Île Coffin pour le clergé anglais et la permission à tout sujet britannique d’y faire librement la pêche… Ces terres devaient être tenues en franc alleu, comme en Angleterre.

Lors de leur concession à l’amiral Coffin, les Îles de la Madeleine renfermaient une population de 500 âmes.[1] Le nouveau seigneur lança une proclamation pour faire connaître ses droits aux insulaires qui n’en tinrent aucun compte. Trop occupé ailleurs, Coffin ne peut visiter ses terres qu’en 1806 ; à cette date, il écrit au gouverneur du Canada que 42 familles françaises échappées de Saint-Pierre et Miquelon, en se soustrayant à la vigilance du capitaine Malbon sur

  1. V. app. VII