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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/93

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affirme qu’il demande instamment des baux perpétuels comme en possèdent quelques rares privilégiés, mais que l’agent refuse opiniâtrement de lui en accorder. D’après Fox, les anciens baux, en vertu desquels les possesseurs auraient pu, avec chance de succès, plaider prescription, furent retirés sournoisement, par les agents, des mains de ces gens sans expérience et sans connaissance juridique et remplacés par d’autres moins équivoques.

11. — Oui, il y a encore des baux de dix ans, mais on n’en donne plus.

12. — Oui, après deux ans de non-paiement, le locataire perd sa terre avec toutes les améliorations, et en tout temps elle est hypothéquée.

13. — Firmin et Louis Boudreau, Dominique et Casimir Arseneau, Jean Chevérie, François, Vilbon et Fabien Lapierre ont été dépossédés. Voici le récit de ce dernier : « J’occupais ma terre depuis environ vingt-cinq ans, ayant toujours payé fidèlement ma rente. En 1863, je partis pour le Nord, ne sachant si je m’y fixerais ou non. Je laissai ma terre aux soins d’un nommé Basile Cormier et d’un nommé Émile Morin ; ils en jouiraient tous les deux pendant mon absence, mais à la condition expresse de l’entretenir, de payer la rente et de me la remettre à mon retour. Ils ont, en effet, payé la rente la première année ; la seconde, l’agent du propriétaire a refusé de la recevoir et il a pris possession de ma terre. De plus, il a défoncé ma maison qu’il a remplie du foin coupé dans ma prée ; ensuite, il a vendu ma terre à Désiré Chiasson.

« À mon retour, l’année suivante, lorsque je réclamai ma terre, il menaça de me chasser du pays ou de m’empêcher de couper du bois sur les Îles, si je poursuivais mes réclamations. Enfin, il a tout mis en œuvre pour m’intimider et me faire cesser mes poursuites judiciaires ; mais, encouragé par les sages con-