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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/94

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seils du Révérend M. Boudreault, notre dévoué curé acadien, j’ai tenu bon contre vents et marées, et j’ai enfin réussi à avoir la moitié seulement de ma terre. J’ai signé un nouveau bail qui m’oblige à payer un chelin par arpent ; l’autre moitié demeure la propriété de l’acheteur pour la somme de cinq louis. »

14. — Toutes les réponses sont unanimes :

La population a toujours manifesté et manifeste encore du mécontentement au sujet de la tenure des terres, telle est toujours la grande et presque l’unique cause de l’émigration en masse, malgré l’opinion intéressée de Fontana, en horreur aux Îles, à cause de ses tyranniques exactions. Comment qualifier un tel régime qui par cabale et influence honteuse exonère le richissime seigneur de toute contribution scolaire et municipale dans de pauvres îles où le peuple est si indigent, quels que soient les rapports mensongers et exagérés des ressources et de la prospérité de la région ! Fontana prétend que ce mécontentement doit être attribué au caractère particulier et toujours mécontent de la population : « Il semble qu’il y a ici une grande méfiance contre les hommes qui occupent une position. » Fox, tout aussi bien renseigné et plus digne de foi, assure au contraire que la rente est exorbitante, comparée au prix des autres terres en ce pays, et donc le mécontentement général parfaitement fondé. « Il se trouve d’anciens colons qui peuvent sans doute payer leur rente et qui sont satisfaits de leur position, car celle-là n’est pas en proportion du nombre d’acres de terre qu’ils occupent. Plusieurs d’entre eux ont cent acres en état de culture florissante et ne payent en tout que quinze chelins ou un quintal et demi de morue par année ; tandis qu’un jeune colon qui désirerait la même étendue de terre inculte et sans bois, serait obligé de payer à présent vingt piastres par année. Il n’y a plus maintenant de comparaison entre les nouveaux et les