Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/117

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dant le supérieur et les principaux dignitaires le reçurent très-pompeusement et lui servirent, selon les rites, un festin de première classe. Ils lui tirent ensuite visiter divers temples dont les PP. Ricci et d’Almeida admirèrent la richesse et la somptuosité. On voyait à Nan-Hoa des idoles colossales en bois ou en cuivre doré. Celles de moyenne grandeur étaient en nombre si considérable, qu’en un seul temple on en comptait plus de cinq cents. Dans un sanctuaire particulier, tout resplendissant de dorures, de soieries et orné de cinquante lampes, on montrait le corps du célèbre ermite fondateur du monastère ; il était desséché et enduit de vernis chinois.

Pendant que les missionnaires examinaient avec intérêt tous ces curieux monuments bouddhiques, ils étaient eux-mêmes pour les bonzes l’objet de la plus vive curiosité. Ceux-ci ne se lassaient pas de scruter, avec leurs petits yeux pleins de finesse et de malice, ces physionomies européennes dont l’étrangeté semblait les déconcerter un peu. Ce qui paraissait surtout les étonner, c’était de voir des religieux qui ne donnaient dans leur temple aucun signe de dévotion et de piété. On avait remarqué qu’ils ne s’étaient prosternés devant aucune idole, qu’ils n’avaient pas brûlé de l’encens, ni consulté les sorts ; tout cela paraissait fort extraordinaire.

Cependant les supérieurs étaient pleins d’anxiété, car ils se disaient : Voilà des hommes qui viennent ici pour être les réformateurs et les chefs du monastère. Aussi éprouvèrent-ils une agréable surprise, lorsqu’ils les entendirent déclarer au sous-préfet de Tchao-Tcheou qu’ils avaient une répugnance invincible à se