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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/12

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avant l’époque où elles se montrèrent en Europe. La propagation de la foi chrétienne s’organise. Les missionnaires s’acheminent en grand nombre vers l’Asie. Les communications s’établissent ; elles se prolongent pendant un siècle et demi, et, un autre siècle à peine écoulé, toutes ces inventions se trouvent connues en Europe. Leur source est enveloppée de nuages. Le pays où elles se montrent, les hommes qui les ont produites, sont également un sujet de doutes ; ce ne sont pas les contrées éclairées qui en sont le théâtre ; ce ne sont point des savants qui en sont les auteurs : des gens du peuple, des artisans obscurs font coup sur coup briller ces lumières inattendues. La plupart de ces inventions se présentent d’abord dans l’état d’enfance où les ont laissées les Asiatiques les unes sont immédiatement mises en pratique, d’autres demeurent quelque temps enveloppées dans une obscurité qui nous dérobe leur marche, et sont prises à leur apparition pour des découvertes nouvelles. Toutes, bientôt perfectionnées et comme fécondées par le génie des Européens, agissent ensemble et communiquent un prodigieux essor à l’intelligence humaine[1].

Ces grandes découvertes, dont la civilisation moderne recueille les fruits doivent en toute justice, être attribuées, pour la plupart, aux religieux du moyen âge. Le catholique aime à voir, avant tout,

  1. Le fameux moine anglais Roger Bacon l’inventeur de la poudre à canon, vivait à la même époque que Rubruk. Il en parle dans ses ouvrages et il pouvait l’avoir vu. La coudre à canon était alors en usage parmi les Tartares, et Rubruk n’a-t-il pas pu mettre Roger Bacon sur les traces de sa découverte ?