Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/130

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cédentes et qu’il acheva à Nan-Tchang-Fou. C’était un Traité de la Mémoire artificielle ou Mmémotechnie, et un Dialogue sur l’Amitié, à l’imitation de celui de Cicéron. Les Chinois ont toujours regardé ce dernier ouvrage comme un modèle que les plus habiles lettrés auraient de la peine à surpasser. Le Traité de la Mémoire artificielle excita également l’admiration générale. Le P. Ricci, ayant longtemps pratiqué la mnémotechnie, était capable de réciter de longues séries de caractères chinois, en les prenant indifféremment soit par le commencement soit par la fin. Ces expériences, qu’il répétait volontiers en présence des lettrés, lui tirent un grand nombre d’amis.

Le vice-roi de la province avait beaucoup entendu parler de Matthieu Ricci, pendant qu’il exerçait une haute magistrature à Canton. Tout ce qu’on lui racontait du savant étranger récemment arrivé à Nan-Tchang-Fou lui donna à penser que c’était peut-être ce fameux Ly-Ma-Teou (Matthieu Ricci) qu’il connaissait de réputation depuis longtemps. Un jour que le P. Ricci donnait des leçons de mnémotechnie à son docteur chinois, il reçut une dépêche sur papier rouge qui le mandait au palais du vice-roi. Ricci, qui encore n’avait presque rencontré que tribulations dans ses rapports avec l’autorité chinoise, ne put s’empêcher de croire à une nouvelle persécution. Cependant il se trompait. Le vice-roi ayant reconnu que c’était bien le savant religieux dont il avait entendu parler à Canton, le traita avec une bienveillance toute particulière ; il considéra comme un grand honneur de posséder dans sa province un personnage si distingué et l’engagea à s’y fixer pour toujours.