Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il fut donc arrêté qu’on nommerait un supérieur général des missions de la Chine, muni de tous les pouvoirs du visiteur provincial et autorisé à décider en dernier ressort toutes les questions. Le P. Ricci fut placé à ce poste important. Son zèle éclairé, son expérience, son habileté dans les sciences de l’Europe et la littérature chinoise le rendaient digne à tous égards de cette supériorité. Toutefois, la mission conserva à Macao un procureur chargé de pourvoir aux besoins des missionnaires et d’être leur intermédiaire pour les correspondances entre la Chine et l’Europe.

Aussitôt que le P. Ricci fut investi de l’autorité et des pouvoirs de supérieur, il s’occupa avec ardeur des moyens de pousser en avant l’œuvre à laquelle il s’était dévoué. Ses diverses tentatives dans plusieurs villes importantes ne lui avaient jamais fait perdre de vue la capitale de l’empire. Péking et la cour étaient toujours son point de mire. Il était persuadé que le flambeau de la foi porté à cette hauteur rayonnerait avec éclat et répandrait facilement sa lumière dans les provinces. Nan-Tchang-Fou sembla lui fournir les moyens de réaliser ses espérances. Il cultiva l’amitié des princes impériaux dont nous avons parlé et qui étaient très-proches parents de l’empereur régnant. Un jour, il leur fit part de son dessein et leur montra une horloge magnifique et divers objets d’art qu’il avait l’intention d’offrir à l’empereur. Les parents du Fils du Ciel lui donnèrent des encouragements ; mais ils lui dirent en même temps que leur protection, en pareil cas, serait plutôt nuisible qu’utile ; qu’en leur qualité de princes du premier rang ils étaient tenus en suspicion à la cour, et que la moindre démarche de