Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/148

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très-petites journées. On mit un mois de Péking à Lin-King, ce qui par terre eut tout au plus demandé huit jours. Pour comble de malheur, on fut contraint de s’arrêter là. La marche de cette déplorable jonque avait été d’une telle lenteur, que les grands froids de l’hiver ayant eu le temps d’arriver, le canal impérial se trouvait glacé et la navigation interrompue. Il fallait donc attendre patiemment le retour du printemps.

Après les premiers jours de ce triste hivernage à bord d’une misérable petite jonque, le P. Ricci, considérant qu’il pourrait peut-être mieux utiliser un temps si précieux, résolut de s’en aller par terre, comme il pourrait, jusqu’à Nanking ; pendant ce temps, le P. Cataneo attendrait avec les bagages la fonte des glaces et viendrait ensuite le rejoindre. De quel courage et de quelle énergie devait être doué ce zélé missionnaire, pour supporter depuis son entrée en Chine tant de travaux, tant de fatigues, tant de déceptions ! Il dit donc adieu et à revoir à son compagnon, et le voilà en route pour Nanking, au milieu de difficultés incompréhensibles pour quiconque n’a pas eu l’honneur de voyager dans cet Empire Céleste, dans ce royaume des Fleurs, où assurément tout n’est pas roses, tout n’est pas bleu ciel.

Chemin faisant, il vint en pensée au P. Ricci d’aller joindre son ami, le docteur Kiu-Taï-Sse, qui lui avait rendu de si bons services à Nan-Tchang-Fou et qui se trouvait actuellement à Sou-Tcheou. Il se dirige donc de ce côté, et, après avoir longtemps erré, tantôt à pied et quelquefois en bateau, car en descendant vers le midi les rivières et les canaux n’étaient plus glacés, il arriva enfin à Sou-Tcheou. Le docteur n’y était pas :