Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/15

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Voltaire et ses partisans oubliaient dans leurs assertions une chose assez importante, c’était de fixer l’époque de l’institution du lamaïsme. Selon Voltaire il est certain que la partie du Thibet ou règne le grand lama était enclavée dans l’empire mongol, et que le pontife ne fut point inquiété par Tchinguiz-Khan. Il y a dans une telle affirmation ignorance ou mauvaise foi, car le grand lama n’existait pas encore du temps de Tcbinguiz-Khan, il ne fut institué que par ses successeurs. Koubilaï-Khan, après avoir soumis la Chine avait adopté, comme nous l’avons déjà dit, le bouddhisme, dont la doctrine avait fait des progrès considérables parmi les tribus tartares. Dans l’année 1261, il éleva à la dignité de chef de cette religion de son empire un religieux bouddhiste nommé Mati, mais plus connu sous le titre de Pakbo Lama, ou suprême lama. Il était originaire du Thibet, et s’était acquis les bonnes grâces et la confiance de Koubilaï, qui, en lui conférant ce suprême sacerdoce, l’investit de la puissance temporelle dans le Thibet, avec le titre de « roi de la grande et précieuse loi, » et celui « d’instituteur de l’Empire. » Telle fut l’origine des grands lamas du Thibet. Il ne serait pas impossible que l’empereur tartare, qui avait eu des relations fréquentes avec les missionnaires chrétiens, ait voulu créer une institution religieuse sur le modèle de la hiérarchie catholique, dont il devait avoir une connaissance assez exacte. Depuis plusieurs siècles le Thibet ne formait plus une monarchie, et les nombreuses tribus de ces contrées obéissaient à des chefs différents. Pour mieux établir sa domination sur ce pays, Koubilaï le divisa en provinces, dont les gouverneurs ec-