Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/151

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pas l’habitude de traiter les affaires sérieuses durant ce temps de réjouissances.

Le P. Ricci alla passer les premiers jours de l’année chinoise avec son ami Kiu-Taï-Sse, à Tching-Kiang-Fou, ville située sur les bords du fleuve Bleu, et que les Anglais prirent d’assaut en 1842, pendant la guerre qu’ils firent à la Chine. Il se décida ensuite à se rendre à Nanking, qu’il trouva dans un état plus paisible qu’au moment de sa dernière visite. On y était moins à la guerre, et le cliquetis des armes ne s’y faisait plus entendre. La Chine ne redoutait plus l’invasion des Japonais, qui, repoussés vigoureusement par les Coréens, avaient été obligés de remonter sur leurs navires et de regagner leurs îles. Le P. Ricci, rassuré et encouragé par la physionomie toute pacifique de la ville, se présenta au palais du président Kouang, qui l’accueillit avec amitié et l’engagea à se fixer à Nanking. Le grand nombre de mandarins qui séjournaient dans la ville n’était à ses yeux qu’un motif de sécurité. « Maître, dit-il au P. Ricci, vous ne trouverez parmi nous tous que des protecteurs et des amis. » Et comme ce haut personnage se disposait à donner des fêtes à l’occasion du nouvel an, il invita le P. Ricci à venir passer trois jours dans son palais… C’était au mois de février 1599.

Les Chinois, comme tous les peuples de la terre, célèbrent la nouvelle année par des fêtes et des réjouissances : chacun se revêt de ses habits de parade ; on se rend des visites cérémonieuses et de pure étiquette on s’envoie réciproquement des cadeaux, on assiste à des festins ; on va voir la comédie, les saltimbanques et les escamoteurs. Le temps se passe ainsi en diver-