Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/153

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habitation qu’il avait louée, il reçut la visite du président Kouang, qui se présenta dans tout le luxe de l’étiquette chinoise. Les jours suivants, le pauvre religieux eut l’honneur de recevoir dans sa cellule les présidents des cinq autres cours souveraines, qui tous arrivèrent successivement, au bruit des fifres et des tam-tams, et avec leur nombreux cortége de petits mandarins et de satellites. On sait que les Chinois sont les hommes les plus visiteurs de la terre, aussi les rites se sont-ils occupés minutieusement de la manière d’exécuter cet acte, si souvent répété, de la vie publique. Celui qui veut rendre une visite doit, quelques heures auparavant, envoyer, par son domestique, un billet à la personne qu’il a dessein de voir, tant pour s’informer si elle est chez elle, que pour l’inviter à ne pas sortir si elle a le loisir d’accepter la visite : c’est une marque de déférence et de respect pour ceux que l’on veut aller voir chez eux. Le billet est une feuille de papier rouge, plus ou moins grande, suivant le rang et la dignité des personnes et le degré de respect qu’on désire leur témoigner. Ce papier est aussi plié en plus ou moins de doubles, et l’on n’écrit que quelques mots sur la seconde page, par exemple : « Votre disciple ou votre frère cadet, un tel, est venu pour baisser la tête jusqu’à terre devant vous et vous offrir ses respects… » Cette phrase est écrite en gros caractères, quand on veut mêler à l’expression de sa petitesse un certain air de grandeur ; mais les caractères diminuent et deviennent petits à proportion de l’intérêt qu’on peut avoir à se montrer véritablement humble et respectueux.

Les grands dignitaires des cours souveraines de