Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/154

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l’empire ne se bornèrent pas à faire des visites d’étiquette et de pure cérémonie au P. Ricci ; ils le pressèrent instamment de demeurer à Nanking et afin de le bien convaincre de la sincérité de leur désir, ils lui offrirent pour résidence un superbe palais devenu vacant par la retraite d’un assesseur de la cour des domaines. Le P. Ricci craignant, avec raison, d’exciter la jalousie des petits mandarins, n’accepta pas cette offre si brillante ; il trouva d’ailleurs qu’une semblable habitation serait peu en harmonie avec l’état modeste et pauvre d’un religieux. Cependant il se détermina à rester à Nanking au lieu d’aller à Sou-Tcheou. Il y fut d’autant plus porté qu’une circonstance assez singulière lui donna la conviction qu’il ferait en cela la volonté de Dieu.


VII.


On n’a pas oublié que le P. Ricci était déjà venu à Nanking avec l’intention de s’y établir, mais que les bruits de guerre et les agitations de la ville l’avaient forcé de séjourner dans une jonque sur les bords du fleuve Bleu, de peur d’être pris pour un espion japonais. Or, une nuit, il crut voir en songe que Dieu le conduisait dans une grande cité de l’empire chinois, où il pouvait librement circuler dans les rues, s’entretenir avec les habitants et vaquer en paix aux œuvres saintes de son ministère, et pendant qu’il parcourait ainsi dans sa vision les quartiers de cette ville célèbre, Dieu lui dit que c’était là qu’il devait se fixer,