Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/157

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autres, savoir : le métal, le bois, le feu, l’eau et la terre.

Il n’était pas assurément bien difficile au P. Ricci de démontrer aux lettrés chinois que leur fatras scientifique n’avait pas le sens commun. Il publia plusieurs traités où il combattait victorieusement toutes ces absurdités, mais malheureusement il n’avait pas toujours des vérités bien incontestables à mettre à la place. Ainsi, après avoir rejeté les cinq éléments des Chinois, il leur en donnait quatre qui ne valaient guère davantage. Les missionnaires de nos jours se trouvent souvent assez embarrassés, lorsque les chrétiens chinois viennent leur parler des quatre éléments et de certaines théories qui leur ont été enseignées par le P. Ricci, et qui se trouvent entremêlés dans ses ouvrages dogmatiques et moraux.

Quoi qu’on puisse dire des avantages ou des inconvénients que présentait la méthode adoptée par les premiers apôtres de l’empire chinois, ce qu’il y a de bien certain, c’est qu’elle fut pour eux la source d’un grand crédit. Elle leur attira d’abord la considération, puis, il faut le dire, la jalousie des savants et des mandarins. Tout ce qu’il y avait à Nanking de Chinois quelque peu lettrés se faisait un honneur d’être en relation avec les docteurs, les grands maîtres de l’Occident. On ne parlait plus qu’astronomie, géographie et mathématiques. Euclide avait détrôné Confucius, et on mettait volontiers de côté les livres classiques, pour s’occuper à faire des cartes, des sphères et des cadrans solaires. C’était une véritable monomanie.

Nanking avait un observatoire élevé sur une mon-