Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/160

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nous ne lui cédons en rien ; notre intelligence est son intelligence, notre puissance est sa puissance. — Le P. Ricci combattit ce système panthéiste aux applaudissements des auditeurs, et la discussion ne cessa que pour se mettre à table. Chacun prit la place qui lui fut assignée par le maître des cérémonies, et, vers le milieu du repas, tous ces beaux esprits chinois se mirent à disserter sur une question dont on aime beaucoup à s’occuper dans leurs livres philosophiques. Que faut-il penser de la nature humaine ? Est-elle bonne d’elle-même ? et alors d’où vient le mal ? Si elle est au contraire essentiellement mauvaise, comment peut-elle produire le bien ? Si elle n’est ni bonne ni mauvaise, d’où vient qu’elle produit tantôt le bien et tantôt le mal ? Telle était la thèse. Chacun disserta avec plus ou moins de subtilité et de divagation sur ces diverses questions, sans que le P. Ricci y prît la moindre part. Le chef des lettrés lui demanda au nom de l’assemblée d’exposer ce qu’il pensait sur cette importante matière. Il prit alors la parole, au milieu du plus profond silence, et, après avoir résumé avec netteté et précision ce qui venait d’être dit, il exposa la doctrine chrétienne sur la nature de l’homme. — « Dès l’origine dit-il, la nature de l’homme était sainte. » Jen-Tze-Tsou-Sin-Pen-Chan. — C’est par ces mots que commence le livre élémentaire que l’on enseigne aux enfants dans vos écoles… Cette nature originairement sainte, ajouta-t-il, a été pervertie par le péché… Puis il parla de la liberté humaine, de la chute originelle, de la concupiscence qui en avait été la suite, de la rédemption, de la grâce et de la liberté. Il expliqua, au point de vue catholique, comment l’homme étant libre pou-