Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/165

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plongées dans le matérialisme, il y eut quelques âmes privilégiées auxquelles Dieu donna l’intelligence de la véritable mission des apôtres du christianisme. Un mandarin militaire fut le premier à Nanking qui eut le bonheur d’ouvrir les yeux à la vérité ; il reçut avec le baptême le nom de Paul. Peu de temps après, son fils obtint la même grâce, et bientôt la famille tout entière fit publiquement profession du christianisme. La pagode domestique de la maison fut convertie en chapelle, les saintes images prirent la place des Pou-Ssa, et le P. Ricci eut la consolation de célébrer l’auguste sacrifice de la rédemption des hommes dans le lieu même où naguère on brûlait de l’encens au pied des idoles. Ces murs retentissaient des louanges de Dieu ; il y avait dans cette immense et célèbre ville de Nanking des chrétiens, au cœur plein de foi et de ferveur, qui chantaient dans la langue de Confucius : «Notre Père, qui étes aux cieux… Je crois en Dieu, le père tout-puissant…, » cette prière que le Sauveur des hommes enseigna à ses disciples, ce symbole que les apôtres dirent pour la première fois à Jérusalem, et qui depuis seize siècles était répété sur toute la surface de la terre. Quelles émotions pour le cœur du P. Ricci, lorsqu’il entendait ces prières catholiques chantées à Nanking par ses chers néophytes ! Depuis l’époque où il s’était dévoué à sa dure et pénible mission, que de voyages, que de privations, que de peines, que de souffrances de tout genre ; mais aussi quelle consolation lorsqu’il pouvait ensuite célébrer les saints mystères au milieu de ses nouveaux chrétiens, et entendre leurs chants de foi, d’espérance et de charité !