Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/169

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provinces méridionales ; six grandes jonques mouillées dans le port étaient à ses ordres. Il offrit aux missionnaires de les accompagner, et mit généreusement une jonque à leur disposition. Tous les préparatifs étant terminés, on leva l’ancre, les six jonques impériales déployèrent leurs voiles et voguèrent rapidement sur le fleuve Bleu. C’était au commencement de l’année 1600.

La Chine se trouvait à une de ces époques, si fréquentes dans son histoire, où le gouvernement était tombé entre les mains des eunuques. Les armements considérables ordonnés sur toute la surface de l’empire pour repousser l’invasion des Japonais, avaient épuisé le trésor public. On avait doublé les impôts, et afin d’en exiger le recouvrement, l’empereur avait envoyé dans chaque province des eunuques avec des pouvoirs absolus, indépendants même de l’autorité du vice-roi. Ces bandes de tyrans parcouraient le pays, s’abandonnant aux exactions les plus abominables pour assouvir leur insatiable cupidité. Partout ils faisaient trembler le peuple et les magistrats, sans que personne osât leur résister. Car l’influence qu’ils exerçaient sur l’empereur était si grande, qu’un seul mot de leur part suffisait pour causer la ruine de tout mandarin qui avait eu le malheur de leur déplaire.


II


L’eunuque qui avait pris sous sa protection l’ambassade catholique, fut pour les PP. Ricci et Didacus