Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/168

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y avait des objets bien dignes de fixer l’attention des Chinois, forma le projet d’entreprendre de nouveau le voyage de Péking pour offrir à l’empereur quelques chefs-d’œuvre des arts et de l’industrie de l’Europe. Il y avait alors à Nanking le premier censeur de l’empire, dont l’influence est très-considérable à la cour. Le P. Ricci, qui avait fait sa connaissance, alla le trouver, et lui demanda ses conseils au sujet de son projet. Le censeur l’approuva, et ajouta même qu’il était absolument nécessaire de le mettre à exécution parce que le bruit s’étant répandu de toutes parts qu’il avait des raretés d’Europe destinées à l’empereur, on devait en être déjà instruit à Péking ; il y aurait de l’inconvénient à ne pas réaliser les espérances de la cour. La difficulté d’avoir des lettres d’introduction serait facilement aplanie, attendu qu’en sa qualité de censeur il était chargé de cet office, et qu’il était tout disposé à fournir au docteur de l’Occident les moyens de faire réussir son entreprise.

Des dispositions si bienveillantes dépassaient toutes les espérances du P. Ricci. Il ne songea donc plus qu’à les mettre immédiatement à profit. On fit un choix des objets qu’on voulait offrir à la cour. Le P. Didacus fut appelé pour être du voyage, parce que le P. Cataneo devait rester à Nanking pour prendre soin de la mission. Le censeur rédigea, selon sa promesse, une requête à l’empereur et l’envoya, au jour fixé, aux missionnaires, avec plusieurs lettres de recommandation pour les préfets des villes qu’ils devaient traverser en se rendant à Péking. Il y avait à Nanking un des premiers eunuques du palais se disposant à porter à la cour le tribut en soieries des